Kransekake - «Gâteau couronne» des grandes occasions

Une autre grande promesse que je me suis faite en annonçant ma thématique «Noël norvégien» était de préparer une magnifique spécialité présente sur les tables des grandes occasions en Norvège : le kransekake. Ses allures de sapin de Noël ont fait que je le réservais pour le temps des fêtes, mais le kransekake marque la plupart des grandes fêtes là-bas à commencer par la fête nationale du 17 mai, mais aussi les baptêmes, les anniversaires… et les mariages! D’ailleurs, pour souligner les mariages, le kransekake est souvent utilisé pour dissimuler une bouteille de champagne! Une chose est certaine, peu importe pour quelle occasion il est préparé, le kransekake est sans conteste un parfait véhicule pour affirmer son patriotisme car il est très souvent décoré de drapeaux ou de décorations aux couleurs de la Norvège.

 
 

__ QU’EST-CE QUE LE KRANSEKAKE?

Le kransekake est un gâteau emblématique donc, reconnaissable à sa silhouette en forme de tour composée d’anneaux empilés du plus large au plus petit. D’où son nom d’ailleurs, textuellement «gâteau couronne». Sa pâte, faite de poudre d’amandes, de sucre glace et de blancs d’œufs, donne une texture unique : une fine croûte dorée à l’extérieur et un cœur tendre, agréablement chewy et qui libère un parfum d’amande intense à chaque bouchée. On le décore souvent de fins filets de glace royale, de petits drapeaux ou de rubans, et on le place au centre de la table comme une pièce maîtresse que l’on déguste en détachant les anneaux un à un. Il existe aussi des variantes plus simples, comme les bâtonnets appelés kransekakestenger (pratique quand on ne possède pas les moules spéciaux), ou des versions moulées en corne d’abondance et garnies de friandises. Mais quelle que soit sa forme, le kransekake reste avant tout un gâteau de célébration, à la fois élégant, convivial et profondément associé aux moments de réjouissance.

__ POUR LA PETITE HISTOIRE

L’origine du kransekake remonte au XVIIIᵉ siècle, où il aurait été créé par un boulanger de Copenhague. À cette époque, le Danemark et la Norvège formaient encore un même royaume (jusqu’en 1814), ce qui explique la diffusion rapide de cette pâtisserie dans toute la Scandinavie jusqu’à s’imprimer de façon indélébile dans les us et coutumes en Norvège. D’abord, ce gâteau était réservé aux élites car à cet époque, les amandes étaient un ingrédient rare et coûteux. Avant de se démocratiser, le kransekake, riche en amandes, était donc un marqueur de prestige. Présenté comme une pièce montée spectaculaire, il était surtout servi lors des grandes occasions pour afficher sa richesse et son statut social.

De plus, ce gâteau est porteur d’un symbolisme très fort et ancré dans l’imaginaire norvégien. Chaque anneau évoque l’unité, la continuité et une forme d’éternité. Sa forme élancée, qui s’élève en spirale, est quant à elle associée à la prospérité et la solidité, symboles particulièrement forts lors des mariages où l’on souhaite croissance, chance et avenir florissant aux nouveaux époux. Une ancienne variante, l’overflødighedshorn — la corne d’abondance — prolonge encore cette idée de richesse et de générosité, rappelant que le kransekake n’est pas seulement un dessert, mais une véritable métaphore de l’abondance et des vœux de bonheur que l’on partage lors des grandes célébrations.

Même le préparer est une vrai partie de plaisir! Beaucoup plus simple qu’il n’y parait.

Oui, croyez-moi, le kransekake est facile à faire, avec le bon doigté… et les bons moules! Plus de détails d’ailleurs sur les moules dans les notes suivant la recette. La pâte est facile à faire avec un minimum d’équipement et très peu d’ingrédients : des amandes moulues, du sucre glace et des blancs d’œufs. Pour le personnaliser vous pouvez y ajouter des épices comme de la cardamome, des zestes d’agrumes, des essences diverses et même un alcool comme du cognac, du brandy ou de l’aquavit, l’incontournable eau-de-vie norvégienne. Même la petite glace royale pour l’assemblage se prépare presque instantanément au moment de monter notre tour. De plus, le tout peut se faire d’avance car le kransekake à une longévité d’au moins 3 jours à l’air libre sans soucis.

Comme je suis heureux d’enfin vous présenter cette grande pièce montée qui entre pour moi dans la catégorie des biscuits de Noël car, après tout, il s’agit plus d’une tour de biscuits que d’un véritable, gâteau on va se le dire. Et de toujours j’adore faire des biscuits à Noël! Ces délices qui s’apparentent à de la pâte d’amande feront sensation parmi les enfants de tous les âges c’est certain!

Joyeuses célébrations peu importe la raison!

KRANSEKAKE - «GÂTEAU COURONNE» DES GRANDES OCCASIONS

__ INGRÉDIENTS

500g de poudre d’amande (blanche ou naturelle)

450g de sucre glace

1 c. à thé de cardamome moulue (facultatif)

4 blancs d’œufs

1 c. à thé d’extrait d’amande

huile neutre + semoule de blé fine pour les moules

glace royale pour l’assemblage : 1 blanc d’œuf et +/- 1 tasse de sucre à glacer

__ PRÉPARATION

Dans un bol à la main ou au batteur sur socle, mélanger d’abord la poudre d’amande, le sucre glace et la cardamome. Ajouter les blancs d’œufs et l’extrait d’amande. Mélanger 2-3 minutes jusqu’à la formation d’une belle pâte qui sera toute de même légèrement collante. Emballer la pâte dans une pellicule plastique et réfrigérer au moins 1 heure.

Huiler les moules à kransekake et recouvrir ensuite de semoule de blé fine. Retirer l’excédent. Cette étape est primordiale pour éviter que la pâte colle au moule. Préchauffer le four à 375°F.

Diviser la pâte en 6 parties égales et rouler en longs boudins de la taille du petits doigt et foncer les 18 anneaux des moules à kransekake. Toute la pâte doit être utilisée, ajuster certains anneaux au besoin avec plus ou moins de pâte de manière à ce que tous les biscuits soient de la même épaisseur.

Cuire directement sur la grille du four en mode convection si possible de 12 à 15 minutes ou jusqu’à ce que les anneaux soient bien ou légèrement dorés. Laisser refroidir complètement avant de démouler et d’assembler.

Pour la glace royale : Mélanger le blanc d’œuf et le sucre glace. Ajuster la quantité de sucre glace si la glaçage est trop liquide. La texture recherchée est relativement coulante mais avec une certaine épaisseur pour une bonne tenue. Mettre dans une poche à pâtisserie ou dans un sac refermable. Couper la pointe pour créer un fine ouverture.

Pour l’assemblage et la déco : Disposer les moules sur le plan de travail du plus grand au plus petit. Procéder toujours en utilisant le plus grand anneau de chaque moule et ainsi de suite jusqu’au plus petit en dernier. Fixer d’abord le plus grand anneau sur une assiette ou un piédestal à gâteau avec quelques gouttes de glace royale en-dessous. tracer une guirlande de glaçage et déposer immédiatement le second anneau et ainsi de suite. Saupoudrer de sucre glace si désiré. Décorer selon l’inspiration.

Le kransekake se consomme de préférence dans les 3 jours suivant sa préparation et se garde à température ambiante dans un endroit sec.

Photos : Jonathan Michaud / Recette : sources diverses

__ NOTES

Pour les moules : Vous aurez obligatoirement besoin des moules conçus spécialement pour le kransekake. Ce sont 6 disques encavés de tailles différentes chacun formant 3 des 18 couronnes nécessaires pour le gâteau. Vous les trouverez facilement en kits sur Amazon ou en commande spéciale dans les bonnes boutique de cuisine qui tiennent les produits Norpro, FoxRun ou Nordic Ware.

Pour les amandes : Vous pouvez utiliser de la poudre d’amandes blanche ou encore naturelle faite d’amandes avec leur peau. La vraie façon traditionnelle serait de moudre vous-même vos amandes, mais on ne peut pas toujours être un héros dans la vie… Je suis parfois pour l’idée de gagner du temps surtout si le résultat est le même! Les Norvégiens ont ceci dit une préférence pour la poudre d’amandes naturelle, mais j’ai opté pour les amandes blanches pour un look moins rustique et plus clean.

Pour la déco : La glace royale se fait tout simplement avec du sucre glace et du blanc d’œuf pour son côté rapide et pratique à préparer. Mais si vous avez un soucis à utiliser du blanc d’œuf cru, rapportez-vous à mon dossier sur le glaçage royal pour une alternative faite avec de la poudre de meringue.

En Norvège, le kransekake est presque toujours décoré de drapeaux du pays. Ils sont fiers ces Norvégiens! On peut aussi le décorer de bonbons ou l’accompagner de papillotes de Noël truffées de bonbons ou de surprises. Les enfants vont se les arracher!

Pour faire chic et très Noël, j’ai décoré de romarin et de canneberges givrés. Tout comme pour les biscuits Couronnes de Noël sablées au citron Meyer, ça a toujours son effet! Simplement enduire de blanc d’œuf et saupoudrer de sucre ou rouler carrément dedans. Laisser sécher sur un papier. Cette étape peut se faire la veille, mais le romarin doit être très frais pour qu’il reste beau plus longtemps. Vous pourriez aussi arracher quelques branches à votre arbre de Noël à la place.